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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 09:05
HONG KONG 
 Pèlerinage des reliques de Saint Vincent de Paul
Hong Kong (Agence Fides) – Les fidèles de Hong Kong et en particulier les membres de la Société de Saint Vincent De Paul ont accueilli les reliques du fondateur dans le cadre de la célébration des 150 ans de la fondation de la Fédération de Hong Kong. Selon le Kung Kao Po, bulletin hebdomadaire du Diocèse de Hong Kong, et selon le site de la Société (http://www.svp.org.hk/), le pèlerinage des reliques de Saint Vincent de Paul, qui se tient de janvier à août dans les 16 Paroisses confiées à la Société et près le Centre de la Fédération, est une manière « de promouvoir son esprit d’humilité et de service des pauvres ». Le moment culminant du pèlerinage aura lieu le 23 août en la Paroisse du Christ travailleur, où sera célébrée une Messe solennelle accompagnée de l’Adoration et de prières « afin que tous suivent son exemple pour se sanctifier, sanctifier les autres et transformer le monde par le service quotidien des pauvres ».
 Outre ce pèlerinage, la Fédération en a également organisé un autre, à la maison mère, en France, qui se déroulera quant à lui du 17 au 28 avril, alors que l’Assemblée générale est prévue pour février.
 Après 150 ans de cheminement, la Fédération de Hong Kong de la Société de Saint Vincent de Paul a la responsabilité pastorale de 25 Paroisses.
Agence Fides 22/02/2013)
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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 11:47
Il ne coûte rien et produit beaucoup. Il enrichit celui qui le reçoit, sans appauvrir celui qui le donne. Il ne dure qu'un instant, mais son souvenir est parfois immortel. Un sourire, c'est du repos pour l'être fatigué, du courage pour l'âme abattue, de la consolation pour le coeur endeuillé. C'est un véritable antidote que la nature tient en réserve pour toutes les peines. Et si l'on refuse le sourire que vous méritez, soyez généreux, donnez le vôtre. Nul en effet n'a autant besoin d'un sourire que celui qui ne sait pas en donner aux autres. Chacun d'entre nous recèle une part de beauté, il suffit de la faire rayonner de l'intérieur vers l'extérieur. Khalil Gibran

 

 

Khalil Gibran

L’artiste émerveillé

Son chef-d’œuvre, “Le Prophète”, serait aujourd’hui le livre le plus lu après la Bible. Rien qu’en France, pas moins de cinq traductions sont disponibles, et des dizaines de millions d’exemplaires ont été vendus à travers le monde.

La philosophie du chrétien Khalil Gibran ("Gibran" signifiant "Consolateur" en arabe) est simple, intemporelle et universelle : ce que l’homme a de plus divin en lui, c’est « l’émerveillement qu’il a devant la vie ». Gibran brûlait de vivre, privilégiait l’amitié des femmes et ne se privait d’aucune voie de création. Outre ses livres et ses poèmes, écrits tout d’abord en arabe puis directement en anglais, il fut un peintre réputé aux Etats-Unis, sa patrie d’exil, et un éditorialiste reconnu de la presse arabe au Moyen-Orient.

Ses dernières années furent marquées par la maladie et les sollicitations mondaines suscitées par sa gloire, car Gibran le Libanais était devenu un écrivain américain exprimant des intérêts universels. Outre la rencontre de l’Orient et de l’Occident, ce poète incarne surtout l’acharnement d’un homme à être un vivant.

Avoir l’ambition d’être
Pour Khalil Gibran, nous sommes des pèlerins en chemin entre « la nuit de notre moi-pygmée » et « le jour de notre moi-divin ». Tel une flèche continuellement tendue vers une cible, l’homme doit vouloir aller au-delà de sa simple existence et ne jamais se contenter d’une étape acquise. Chaque désir satisfait doit être le point de départ d’un nouveau désir. S’arrêter, se replier sur soi, serait trahir le rythme même de la nature, de sa nature. On l’aura compris, la suffisance est notre pire ennemi.

Rêver sa vie
Il est absolument vital de rêver, de jour, consciemment et de façon constructive : rêver est un véritable arbre de vie. Rêver n’est pas s’évader du réel. Pour Gibran, celui qui ne rêve pas ne sait pas transcender son quotidien, il en devient esclave. Ce que Gibran appelle rêver, c’est aller chercher en soi, un à un, les désirs que l’on porte, et les mettre à jour. Les faire jaillir de notre nature profonde, c’est poser un acte de responsabilité par rapport à son destin. Le rêveur est alors celui qui se donne les moyens de construire son avenir. C’est dans ses rêves qu’il cherche et découvre les buts à atteindre. Khalil Gibran rêvait et travaillait sans cesse, s’autorisant un minimum de pause, dessinant le jour, écrivant la nuit : il en est mort jeune.

Appartenir au futur
Fidèle aux souvenirs et aux légendes transmis par sa mère, Gibran est toujours resté attaché à l’Orient. Néanmoins, l’homme ne peut s’attarder sur le passé, car il doit être en renouvellement perpétuel. Le « moi-divin » doit se débarrasser de ce qui est vieux pour laisser de l’espace à ce qui arrive de nouveau. Vivre dans l’hier, c’est donner une autorité aux morts sur les vivants, c’est se figer et nier sa liberté. Le moi-divin appelle toujours vers l’avenir. C’est en ce sens que Gibran recommande aux parents de ne jamais vouloir faire de leurs enfants des prolongements d’eux-mêmes, des copies qui leur ressemblent : « Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même. »

Être relié à l’univers
La beauté, les couleurs et les austérités de la terre du Liban imprimèrent dans le cœur de Gibran un amour profond pour la nature qui ne se démentit jamais. Pour lui, éternel amoureux des arbres, ces « poèmes que la terre écrit sur le ciel », la destinée humaine est irrévocablement liée à celle du cosmos. « La loi veut que nous vivions l’un par l’autre », écrivait-il. Il considérait le monde naturel comme un être vivant : « Si vous chantez la beauté alors que vous êtes seul dans le désert, vous aurez un auditoire. » Le monde naturel est ce à quoi nous devons toujours nous relier.

S’aimer soi-même
Gibran honore la confiance en soi, une vertu qui permet de ne jamais céder aux illusions du prestige ou des richesses. Pour lui, le bonheur naît aux confins du cœur, il n’est jamais le fruit des événements extérieurs. Tout part de soi. « Il est en moi un ami qui me console à chaque fois que les maux m’accablent et que les malheurs m’affligent. Celui qui n’éprouve pas d’amitié envers lui-même est un ennemi public et celui qui ne trouve pas de confident en lui-même mourra de désespoir. »

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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 08:03

État des lieux du droit d’asile en France :

Un système d’accueil des demandeurs d’asile à bout de souffle

 

La Coordination française pour le droit d’asile (CFDA) présente aujourd’hui son rapport intitulé « Droit d’asile en France : conditions d’accueil – Etat des lieux 2012 ».

 

Le constat dressé après plusieurs mois d’enquête réalisée dans 31 départements de quinze régions en France montre que le système

d’asile est à bout de souffle.

 

 

Les vingt associations regroupées au sein de la CFDA tirent la sonnette d’alarme sur le système français d’asile.

 Alors que le nombre de demandes d’asile a tendance à baisser (41 222 primodemandeurs adultes en 2012 soit moins qu'en 1989 (61 400), ou 2003 (52 200), la CFDA dénonce l’incapacité à sortir d’une logique qui porte atteinte aux droits des demandeurs.

 

 

L’enquête révèle que les délais pour accéder à la procédure d’asile sont de plus en plus longs. La

gestion par les préfectures de région de l’accueil des demandeurs d’asile complique souvent l’accès

matériel à la procédure et conduit parallèlement à la saturation des services administratifs. Faute

d’infrastructures suffisantes, les conditions dans lesquelles sont accueillis des milliers de femmes,

d’hommes et d’enfants se résument aux dispositifs d’urgence ou à la rue. L’Etat se défausse de ses

responsabilités en laissant les associations pallier son inaction.

 

Une demandeuse d’asile malienne raconte les conditions d’accueil en préfecture « je me présente

presque toutes les semaines. Les policiers ne nous traitent pas comme des humains. Comme si tu

mentais sur les raisons qui t’ont fait fuir ton pays. Tu passes la nuit dehors dans le froid. On te reçoit 5

minutes. On te dit qu’il n’y pas de place. Après on te renvoie chez toi sans explication. Et tu

recommences ». Ayant fui les menaces pour son engagement contre l’excision, elle attend depuis un

an en France de pouvoir déposer son dossier.

 

Au final, les personnes qui sont venues en France pour chercher refuge contre les persécutions sont à

nouveau mises face à un danger : celui de ne pouvoir déposer à temps leur demande d’asile ou d’être

déboutées de leur demande, faute d’avoir pu correctement exposer leurs craintes de persécutions.

« La prise en charge des demandeurs d'asile est déshumanisée et incohérente, déplore Franck

Ozouf, rédacteur du rapport. Déshumanisée, car de plus en plus de demandeurs ne sont pas ou mal

accueillis et les organisations d’aide financées par l'Etat contraintes à délaisser l’accompagnement

social et juridique pour un travail de gestion administrative. Incohérente, car le coût augmente par des

systèmes de contrôle, une dissuasion à tous les niveaux de la procédure et une préférence donnée

au dispositif d'urgence, cher et précaire, le tout pour un service rendu bien loin des normes minimales

d'accueil ».

 

La CFDA appelle à une réforme en profondeur de la procédure d’asile et du dispositif d’accueil des

demandeurs d’asile. La course à la réduction des délais et la lutte contre les détournements de

procédure doivent céder la place à une réflexion d’ensemble pour assurer l’accueil et la protection des

réfugiés grâce à une procédure efficace et équitable.

 

Amnesty International France / Marilyne Griffon : 01 53 38 65 41- 06 76 94 37 05 / mgriffon@amnesty.fr

Centre Primo Levi / Nathalie Perramon-Fournial : 01 43 14 85 03 - 06 82 85 28 82 / nperramon-fournial@primolevi.org

Médecins du Monde / Agnes Varraine Leca, Emmanuelle Hau, Aurélie Defretin : 01 44 92 14 32 / 14 31/13 81 – 06.09.17.35.59

Secours Catholique / Catherine Coutansais : 01 45 49 73 40 - 06 45 95 55 19 / catherine.coutansais@secours-catholique.org

Djamila Aribi : 01 45 49 75 24 - 06 85 32 23 39

.

La Coordination française pour le droit d’asile rassemble les organisations suivantes : ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture),

Amnesty International France, APSR (Association d’accueil aux médecins et personnels de santé réfugiés en France), ARDHIS (Association pour

la Reconnaissance des Droits des personnes Homosexuelles et transsexuelles à l’Immigration et au Séjour), CAAR (Comité d’Aide aux Réfugiés),

CASP (Centre d’action sociale protestant), Centre Primo Levi (soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique), La

Cimade (Service oecuménique d’entraide), Comede (Comité médical pour les exilés), Dom’asile, ELENA (Réseau d’avocats pour le droit d’asile),

FASTI (Fédération des associations de solidarité avec les travailleur-eu-se-s immigré-e-s), GAS (Groupe accueil solidarité), GISTI (Groupe

d’information et de soutien des immigrés), JRS-France (Jesuit Refugee Service), LDH (Ligue des droits de l’Homme), Médecins du Monde, MRAP

(Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), secours Catholique (Caritas France), SNPM (Service National de la Pastorale

des Migrants). La représentation du Haut Commissariat pour les réfugiés en France et la Croix rouge française, sont observateurs des travaux de

la CFDA

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 13:35

 

 

 

 

 

 

 

Dossier : Culture et pauvreté

Abhijit Banerjee : « Les pauvres possèdent des savoirs »

Article publié dans Feuille de route n°425 (fév. 2013)

article dans sa langue originale
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Le 17 octobre 2012, l’intergroupe « Extrême pauvreté et droits de l’homme – Comité Quart Monde » du Parlement européen a organisé une conférence-débat « Comment associer les personnes en situation de pauvreté au processus décisionnel politique ? » ouverte par Abhijit V. Banerjee, directeur du laboratoire d’action contre la pauvreté J-PAL [1], qui a accepté de répondre à nos questions.

 

Pensez-vous que les personnes en situation de pauvreté devraient être associées à la conception des programmes de lutte contre la pauvreté ?

 

Je ne pense pas que les personnes pauvres puissent être associées directement à la conception de ces programmes. Ce que je pense, c’est que nous ne pouvons pas construire de tels programmes sans prêter attention à ce que les pauvres disent, font et pensent. Si vous demandez à un pauvre : « Comment dois-je concevoir un projet de transfert de revenus ? », il ne vous donnera pas une réponse cohérente. Il y a d’une part le professionnalisme des concepteurs de programmes et d’autre part la nécessité d’agréger les savoirs. Les pauvres possèdent des savoirs. Mais cela ne signifie pas qu’ils possèdent des savoirs spécifiques leur permettant de saisir tous les enjeux. C’est pourquoi je ne pense pas qu’ils devraient concevoir directement les programmes. Je pense que nous devons leur prêter attention et les interroger avant de concevoir les programmes.

Que pensez-vous de l’objection de certains experts qui disent qu’une telle approche serait très coûteuse ?

Nous gaspillons des tonnes d’argent. Les mauvais programmes sont infiniment coûteux, car vous promettez des choses aux gens et rien ne se produit. Je pense que si nous faisions les choses bien, nous économiserions de l’argent sur le long terme.

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Avant la conférence-débat, rencontre entre les intervenants et des membres d’ATD Quart Monde. De gauche à droite : Gaétane Lanciaux, militante (Maubeuge), Abhijit V. Banerjee, Sylvie Goulard, députée européenne et présidente de l’Intergroupe « Extrême pauvreté et droits de l’homme, Comité Quart Monde » au parlement européen, Sylvia Miller, militante (Nouvelle Orléans), Xavier Godinot, volontaire permanent, Diana Skelton, délégué générale adjointe, Keslie Box, volontaire permanente, Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (ph. JC Sarrot).

Qu’avez-vous appris en rencontrant des militants du Mouvement ATD Quart Monde à Bruxelles le 17 octobre ?

 

J’ignorais ce qu’ils font et je l’ai découvert. J’ai appris quelque chose qu’en réalité j’ai toujours senti : que les pauvres réfléchissent beaucoup. Ils ne se laissent pas accabler par le destin. Ils intériorisent leur situation, ils y pensent, ils s’expliquent pourquoi les choses vont dans un sens ou dans l’autre… Ils ne sont pas des machines, et je pense que c’est très important. Ils ne se contentent pas de réagir, ils sont actifs, ils ont une pensée claire. C’est ce que j’ai toujours pensé et c’est ce que j’ai vu ici.

 

Vous parlez souvent de l’éducation comme d’un outil pour combattre la pauvreté. Les pauvres ont besoin d’éducation. Mais les non-pauvres n’en ont ils pas besoin aussi, pour être capables d’écouter les pauvres et de savoir comment travailler avec eux ?

 

C’est tout à fait vrai. Et dans ce domaine, nous n’en faisons pas assez. Il faudrait par exemple encourager bien davantage les jeunes à entreprendre des projets avec des jeunes d’autres milieux. Vous apprenez énormément ainsi. Mais nous craignons tellement toute forme de travail social que nous ne le faisons pas. C’est très dommage. Les gens seraient de meilleurs citoyens et êtres humains s’ils passaient plus de temps durant leur jeunesse à parler avec des personnes pauvres.

 

Jean-Christophe Sarrot


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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 07:36
 
La fondation K d’urgences, qui organise lundi 18 février un colloque au Conseil économique, social et environnemental, va soumettre dix pistes au gouvernement, dont une réforme du complément de mode de garde et le blocage à la frontière des personnes ne versant pas la pension alimentaire.
17/2/13
cle

 

 

 
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Gilles RIGOULET/CIRIC / Gilles RIGOULET/CIRIC

 

 

C’est une mère de deux enfants dont le mari est parti en organisant son insolvabilité afin d’être sûr de ne rien avoir à lui verser. Un divorce qui traîne, des traites trop lourdes, puis les huissiers. « Ce genre d’histoire n’est pas du tout atypique », explique Christine Kelly. Il y a trois ans, cette journaliste et écrivain a créé la fondation K d’urgences qui organise lundi 18 février un colloque au Conseil économique, social et environnemental (Cese) afin d’interpeller les pouvoirs publics sur « l’impasse » dans laquelle se trouvent les familles monoparentales. À cette occasion, un rapport et dix propositions concrètes seront remis aux trois ministres annoncées : Christiane Taubira (justice), Dominique Bertinotti (famille) et George Pau-Langevin (réussite éducative).
La France compte 1,76 million de familles composées d’enfants de moins de 25 ans et d’un seul parent – la mère dans 85 % des cas. Près de 3 millions d’enfants sont concernés. « Ces familles sont laissées pour compte alors qu’elles sont de plus en plus nombreuses, se retrouvent dans tous les milieux et sont les premières victimes de la crise », s’insurge Christine Kelly. Un tiers de ces familles sont en effet touchées par la pauvreté. Il faut donc agir sur leurs sources de revenus, sur le travail – ce qui implique de proposer des solutions de garde accessibles pour les enfants –, sur les prestations sociales et la pension alimentaire.

40 % des pensions alimentaires ne sont pas versées ou seulement partiellement

En France, d’après le ministère de la justice, 40 % des pensions alimentaires ne sont pas versées ou ne le sont que partiellement. « C’est doublement choquant, souligne Christine Kelly, d’une part parce que le parent qui élève l’enfant se retrouve en difficulté financière mais aussi parce que son ex-conjoint n’assume pas ses responsabilités vis-à-vis de l’enfant. »
Pour remédier à ces manquements, la fondation fait deux propositions : le lancement de campagnes nationales d’information, « car trop de familles ignorent qu’elles peuvent solliciter la caisse d’allocations familiales ou un huissier dans ces cas-là », mais aussi le blocage à la frontière du parent mauvais payeur. « Cette mesure concerne les parents qui ont des moyens. Certes, on ne pourra pas les empêcher de se déplacer dans l’espace Schengen, mais au-delà, oui. »
Un quota de places réservées dans les crèches et maternelles
Pour le président de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), Jean-Louis Deroussen, il faut surtout que « la justice mette tout en œuvre pour que ses jugements soient appliqués », ce qui n’est pas fait actuellement. En cas de difficultés pour recouvrer la somme, les CAF peuvent verser une « allocation de soutien familial » que le premier ministre souhaite d’ailleurs augmenter.
Autre grande difficulté que rencontrent les familles monoparentales : faire garder leurs enfants pour pouvoir travailler ou rechercher un emploi. K d’urgences fait trois propositions. D’abord réserver, en maternelles et en crèches, des quotas de places pour les enfants de moins de 3 ans issus de familles monoparentales précaires ; ensuite, encourager la création de crèches à horaires atypiques, « car un certain nombre de mères seules ont des métiers qui les contraignent à partir tôt ou à rentrer tard, infirmières, aides-soignantes, caissières, etc. ».
Des allocations dès le premier enfant
Enfin, la fondation suggère de réformer le complément de mode de garde de la Paje (prestation d’accueil du jeune enfant) dans trois directions : l’augmenter pour les parents isolés précaires, permettre son versement au tiers payant pour éviter l’avance de frais et l’élargir aux enfants de 6 à 10 ans issus de ces familles. Ces préconisations risquent cependant de se heurter à la réalité financière, fait remarquer Jean-Louis Deroussen. L’heure est aux économies, le premier ministre souhaite que la branche famille retrouve l’équilibre en 2016 (2,6 milliards de déficit), même s’il a émis l’idée de réorienter une partie des aides vers les plus modestes.
Il faut aussi, estime la fondation, repenser certaines prestations. Là encore, les arbitrages financiers du gouvernement seront décisifs. En attendant, K d’urgences réclame un audit sur l’articulation entre prestations et RSA, mais aussi la création d’une allocation au premier enfant pour les familles monoparentales précaires et une augmentation des aides au logement pour ces dernières.

  MARINE LAMOUREUX

 

 

 

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 10:43

 Et un sourire

 

La nuit n'est jamais complète.
Il y a toujours, puisque je le dis,
Puisque je l'affirme,
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte,
Une fenêtre éclairée,
Il y a toujours un rêve qui veille,
Désir à combler, faim à satisfaire,
Un coeur généreux,
Une main tendue, une main ouverte,
Des yeux attentifs,
Une vie, la vie à se partager.  


Paul Eluard

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 07:25

 

13 février 2013

« Une gestion anarchique du dispositif d’accueil »

 

La Coordination française pour le droit d’asile fait paraître ce mercredi 13 février un état des lieux alarmant  sur l’accueil des demandeurs d’asile en France. Rencontre avec Franck Ozouf, rédacteur du rapport. 

  • Vous avez conduit une enquête dans 31 départements...

Effectivement, l’idée était de pouvoir faire un état des lieux national, qui soit représentatif de l’accueil qui est fait aux demandeurs d’asile qui ne sont pas pris en charge dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada). Cet accueil est assuré par des plateformes d’accueil de demandeurs d’asile. Gérées directement par l’Office français de l’Immigration et l’Intégration (Ofii) ou bien déléguées à des associations, elles doivent recevoir les personnes et les accompagner dans leurs premières démarches pour déposer une demande d’asile. Or en 2011, le ministère a mis en place un nouveau référentiel pour harmoniser leurs pratiques en leur fixant un certain nombre de missions, insuffisantes et restreignant les possibilités d'accompagnement. 

Nous sommes donc allés voir sur le terrain, dans 31 départements de 15 régions, ce qu’il en était vraiment… Or le bilan est très hétérogène. D’harmonisation, il n’y en a pas eu ! Dans chaque département, chacun a interprété le référentiel à sa façon. Même les plateformes qui sont pilotées directement par l’Office de l’immigration et de l’intégration (Ofii) ne respectent pas les missions du référentiel définies par l’office et le ministère ! 

Ce constat est identique dans les différentes administrations en charge de l'asile telles que les préfectures, le pôle emploi ou bien les caisses primaires d'assurance maladie où le droit n'est pas appliqué de manière uniforme, comme cela est largement explicité dans le rapport s'agissant de l'accès à la demande d'asile, à un hébergement ou encore à une couverture maladie...

  • Ce rapport dévoile le rôle des associations dans l’accueil des demandeurs d’asile…

D’abord, nous avons rencontré les associations de la CFDA, associations qui sont la plupart du temps nationales mais qui, selon les villes ou les départements, ne sont pas confrontées aux mêmes difficultés, et n’ont pas les mêmes pratiques. Nous avons également rencontré les associations gérant les plateformes, dites les «opérateurs », et puis une quinzaine d’autres associations locales. Selon les villes, chacun a un rôle distinct. Les opérateurs interprètent le référentiel à leur façon, malgré les missions précises que l’État est censé leur avoir données. Certaines associations en font plus, d’autres en font moins…Certaines aident les personnes à rédiger leur récit pour leur demande d’asile par exemple, d’autres le refusent. Et les associations caritatives ou militantes locales vont pallier aux manques de la plateforme. Parfois en concertation avec la plateforme, parfois sans aucun lien. Ainsi, à Angers, la plateforme fonctionne bien avec les autres associations. À Rouen par contre, la situation est très compliquée car la plateforme fait le minimum et le tissu associatif local est trop faible pour accueillir tous les exclus du dispositif. 

  • Il y a donc d’un côté les associations payées par l’État pour gérer les plateformes d’accueil et de l’autre les associations militantes qui accueillent les exclus de ce système ?

Oui, mais les exclus de ce système ne sont pas forcément les mêmes d’un département à un autre, selon les pratiques de l’Ofii ou des associations gérant la plateforme d’accueil. Certaines plateformes font de la domiciliation, d’autres non, certaines aident les personnes à rédiger leur récit, d’autres non etc. 

En tout état de cause, ce sont les associations qui pallient les manquements de l’État… Oui, c’est certain. Bien sûr, il y a une prise de conscience des militants. Mais tout le monde a la tête dans le guidon et il faut pallier l’urgence. Quand en face il y a des personnes qui sont à la rue, on y va même si cela devrait être à l’État de les prendre en charge. Il peut y avoir des tensions fortes d’ailleurs entre les plateformes et les autres associations qui reçoivent ceux que la plateforme a exclu… À Orléans par exemple, l’Ofii gère le premier accueil mais ne fait presque rien et il y a seulement trois associations qui accompagnent les demandeurs d’asile. Elles sont complètement débordées surtout que le Loiret voit arriver de nombreux demandeurs d’asile. Quand le tissu associatif n’est pas assez fort pour compenser les manquements de l’État, ce sont les demandeurs d’asile qui en pâtissent…

  • Quel est le constat que vous tirez de toutes ces expériences différentes ?

Alors que le nombre de demandeurs d’asile est stable et que l’État semble mettre davantage de moyens, ces personnes sont de plus en plus mal accueillies. Le ministère, avec son bras armé qu’est l’Ofii, a tenté d’harmoniser le dispositif, mais c’est un échec patent. Le dispositif est complètement désorganisé et exclut de plus en plus de personnes. Les associations qui gèrent les plateformes sont soumises à de fortes pressions, notamment financières. Elles sont donc contraintes à ne mettre en place qu’une mission administrative, sans pouvoir faire l’accompagnement social et juridique nécessaire. Les autres associations, qui ne sont pas financées dans le cadre des plateformes sont, elles, débordées, prises à la gorge voire perdent le peu de financement qu'elles avaient obtenu. C'est le cas en Île-de-France avec Dom'Asile ou bien à Strasbourg avec le CASAS. Cette enquête dévoile une véritable gestion anarchique du dispositif. Dispositif inefficace qui coûte très cher à cause des mécanismes de contrôle et de dissuasion mis en place. Il s’agit de gérer un flux, avec une vision très administrative et peu de considération humaine. 

  • Sur la base de cet état des lieux, la CFDA formule des propositions…

Oui, la CFDA propose 15 conditions minimales pour garantir un véritable droit d’asile. Nous espérons être entendus dans le cadre d’une réforme du Ceseda. Face à l’échec total du dispositif d’accueil mis en place, échec du point de vue des associations mais également au regard des objectifs voulus par le ministère, il faut revoir de fond en comble la politique de l’asile pour que celle-ci soit plus respectueuse des engagements internationaux et européens de la France.

 

> Télécharger le rapport

 

photo : préfecture de Créteil - crédit photo : Jean Larive/ La Cimade

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 17:43

2013, bicentenaire d’Ozanam :

un message pour tous les temps

 

 

Gravure d'Antoine Maurin dit « Maurin l'aîné » (1793-1860)

à partir d'un dessin de Louis Janmot (1814-1892ozanam.JPG  

 

Le 23 avril 2013, nous célèbrerons les 200 ans de la naissance de Frédéric Ozanam. Français né à Milan, Ozanam contribua au renouveau de la doctrine sociale chrétienne. Résolument ouvert à l’humanisme et à l’universel, il s’attacha à la réconciliation de la foi et de la science. Il est célébré cette année à travers le monde et spécialement en France, pays où il a vécu et à Paris, où il a cofondé la Société de Saint-Vincent-de-Paul en 1833.

 

Né à Milan le 23 avril 1813, mort à Marseille le 8 septembre 1853, Ozanam contribua au renouveau de la doctrine sociale chrétienne. Résolument ouvert à l’humanisme et à l’universel, il s’attacha à la réconciliation de la foi et de la science.
« Nous n’avons pas deux vies, l’une pour chercher la vérité, l’autre pour la pratiquer » disait celui dont la pensée, les écrits et l’enseignement à la Sorbonne furent imprégnés de cette passion.

  

Sa vision sociale


Cofondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, en 1833, il conçut celle-ci comme un réseau mondial de charité, inséparable de l’idéal de justice. La SSVP regroupe aujourd’hui quelque 800 000 membres dans 148 pays des 5 continents. Le rêve est devenu réalité !


Son souci de
solidarité fraternelle a conditionné son engagement politique, reconnaissant dans les valeurs républicaines celles du christianisme. Il vit dans la révolution de 1848 « un progrès qu’il faut soutenir ». Il se présenta aux élections à l’Assemblée Nationale Constituante et dans son adresse aux électeurs du département du Rhône, il proclame la souveraineté du peuple, le respect de toutes les libertés, l’égalité, la justice et la prévoyance pour tous, l’impôt progressif, la dignité du travail.
« L’Ere Nouvelle », journal qu’il lança notamment avec les Pères Lacordaire et Marret, lui offrit une tribune pour défendre ses idées, dans le plus grand respect de l’autre : « Apprenons à défendre nos convictions sans haïr nos adversaires [ …] Dans ces temps de désunion, on est trop heureux de tout ce qui peut unir. »

Pressentant l’aggravation du clivage social, il pose prophétiquement la question « de savoir qui l’emportera de l’esprit d’égoïsme ou de l’esprit de sacrifice, si la société ne sera qu’une grande exploitation au profit des plus forts ou une consécration de chacun pour le bien de tous et surtout pour la protection des faibles. »

Ayant élargi précocement son horizon au-delà de l’hexagone, il dénonça à 16 ans, la « barbarie » et la « honte » de l’esclavage une vingtaine d’années avant son abolition, à l’initiative de Victor Schoelcher, député de la Martinique.

 

Sa notoriété


Béatifié par le Pape Jean-Paul II, à Notre Dame de Paris, le 22 août 1997, dans le cadre des Journées Mondiales de la Jeunesse,
Ozanam a connu un étonnant regain de notoriété. Cette évocation de Lionel Jospin, alors Premier Ministre, en témoigne :
« Le créateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul a contribué efficacement à la réconciliation de l'Église et de la République. Il a ainsi favorisé l’émergence d’une conception française de la laïcité, respectueuse de la liberté religieuse, expression de la liberté de conscience. Cet homme de foi, lucide et passionné, ne pouvait rester insensible à la misère et à l’injustice sociale. »
On pourrait ajouter que l’intelligence du cœur, qui a marqué sa pensée comme son action, continue à procurer à notre humanité ce
« supplément d’âme » (Henri Bergson) dont elle a une telle soif

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 06:22

 

 

Solidarité

L'aide alimentaire européenne crie famine

© WITT/SIPA© WITT/SIPA

Les associations qui distribuent des repas aux plus démunis vont-elles devoir mettre la clé sous la porte ? Tout dépendra du résultat des négociations qui auront lieu, les 7 et 8 février prochains, lors du Sommet européen consacré au budget de l'Union européenne.

 

Comment sauver l'aide alimentaire provenant de l'Union européenne ? D'un montant de 500 millions d'euros, cette manne, qui résulte historiquement des surplus alimentaires de la Politique agricole commune (PAC), pourvoit aux besoins du Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD) : 18 millions d'Européens, dont 4 millions de Français, en bénéficient. Dans notre pays, ce programme permet de distribuer 130 millions de repas par an. Soit un tiers de l'aide alimentaire fournie dans l'Hexagone. Où les demandes ne cessent de croître : de plus en plus de personnes en situation de précarité frappent à la porte des associations. Mais la France n'est pas le seul pays concerné. En Pologne, 80 % de l'aide alimentaire distribuée aux démunis provient du PEAD. Là-bas, comme dans une vingtaine de pays d'Europe, cette aide est vitale.

 

A ses débuts, ce programme consistait à redistribuer aux plus démunis les surplus de la PAC (viande, lait, céréales...) accumulés dans les greniers de l'Europe. Mais, avec la régulation de la production agricole, les stocks se sont taris, et ce qui était donné jadis en nature a été transformé en ligne budgétaire. Du coup, l'Allemagne a commencé à remettre en cause cette aide, considérant que ce n'était pas à la PAC de lutter contre la précarité. D'autres pays de l'Union européenne (Danemark, Pays-Bas, République tchèque, Royaume-Uni, Suède) partagent cette approche, considérant que l'aide aux plus démunis relève de la responsabilité de chaque Etat membre.

 

Il y a un an déjà, les quatre grandes associations chargées de la collecte et de la distribution de l'aide alimentaire en France (Fédération des banques alimentaires, Secours populaire, Restos du cour et Croix-Rouge) avaient lancé un cri d'alarme et obtenu un sursis. Mais aujourd'hui, préviennent-elles, « si aucun nouveau programme n'est adopté par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE), l'aide alimentaire disparaîtra irrémédiablement ». Ce serait la fin du PEAD. Un coup dur pour les associations caritatives dont les stocks dépendent en grande partie de l'aide européenne.

 

Unies à leur homologue allemand Die Tafeln, ces associations ont rencontré le 10 janvier le président du parlement européen Martin Schultz qui les a assurées de son soutien. D'après un communiqué publié le jour-même par les cinq organisations, celui-ci se serait prononcé pour le vote d'un budget à la hauteur des besoins, « c'est-à-dire au moins équivalent au budget actuel, considérant que l'Europe se doit de rétablir un équilibre social. » Soulignant « une augmentation toujours plus inquiétante du nombre de personnes venant chercher de l'aide, de plus de 10 % par rapport à l'an passé », les associations ont salué cette initiative « claire et courageuse ». Après avoir obtenu le soutien unanime de l'ensemble des groupes parlementaires français, elles espèrent obtenir un vote favorable des chefs d'Etat.

 

Le président de la République, François Hollande, s'est exprimé aujourd'hui devant le Parlement européen sur le budget 2014-2020. « Un compromis est possible, a-t-il estimé, mais il doit être raisonnable. Et donc il va falloir raisonner ceux qui veulent amputer le budget européen au-delà de ce qu'il est possible d'accepter ». Le président français a aussi jugé que « l'intérêt national est en train de prendre le pas sur l'intérêt européen ». Parviendra-t-il à convaincre la chancelière allemande Angela Merkel ? L'accord de l'Allemagne est absolument décisif pour que l'Europe verse 1 euro par an et par habitant à destination des plus pauvres. C'est le montant estimé par les associations qui appellent l'Union européenne à « se montrer digne de son prix Nobel de la paix ».

 

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 08:57

 

"On constate une dégradation progressive de l'accès aux soins"

Contributeur Claire Stephan (Arte, Génération solidarité) | 31/12/2012

 

Entretien avec Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du monde, sur la question de l'accès aux soins pour tous.

Jean-François Corty est directeur des missions France de Médecins du monde, ex-bénévole et chef de missions sur le terrain et également chargé d’enseignement à l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse.

Quelles sont les conséquences, selon vous, de la crise sur l’accès aux soins en France?

Médecins de Monde, en France depuis de nombreuses années avec près d’une centaine de projets auprès des populations les plus précaires, constate une dégradation progressive ces dernières années de l’accès aux soins et de la santé des populations les plus précaires avec, de fait, une accentuation des inégalités de santé.

Pour quelles raisons?

Le constat, c’est que l'on voit une augmentation des consultations chez Médecins du Monde et une augmentation d’un indicateur fondamental qui est le retard de recours aux soins. Près de 38% des personnes précaires, qu’elles soient en situation irrégulière ou françaises, retardent leurs soins et vont attendre parfois jusqu’au dernier moment avant de consulter. Cela rejoint des enquêtes faites par d’autres acteurs qui montrent que 30% des populations précaires françaises retardent leurs soins pour des raisons financières, que ce soient des soins dentaires, ophtalmologiques mais aussi, de plus en plus, des soins courants.

Vous avez aussi constaté que les femmes enceintes sont de moins en moins nombreuses à se présenter aux consultations…

Sur le plan médical, on a dans nos consultations près de 45% de femmes enceintes qui retardent leur suivi de grossesse classique et près de 40% des patients que l'on voit nécessitent un suivi de plus de six mois. Il ne s’agit pas de "bobologie". Ce sont des vraies maladies. 12% de nos patients sont des mineurs, donc des enfants qui, alors qu’ils devraient avoir un accès inconditionnel aux soins, présentent des difficultés d’accès aux soins. Alors pourquoi ce constat? Bien évidemment, la crise économique vient impacter la précarité et la pauvreté. Mais il y a trois éléments de réponse pour expliquer ce retard de recours aux soins des populations les plus précaires.

D’abord, des dispositifs sont encore difficilement accessibles. Lorsque l’on est un sans-papier, on peut bénéficier de l’aide médicale d’Etat. Il faut justifier de trois mois de présence sur le territoire, d’un lieu de domiciliation, et cela n’est pas évident lorsque vous n’avez pas de lieu de vie. Il faut par ailleurs maîtriser la langue pour remplir un dossier souvent compliqué avec des délais d’ouverture qui, parfois, prennent plus de trois à six mois. C’est une première contrainte.

Quatre millions de travailleurs pauvres français n’ont pas de couverture mutuelle. Ils ont ce que l’on appelle un "reste à charge", qui est de plus en plus important parce que notre système de santé est de moins en moins solidaire. Il y a de plus en plus de franchises, de moins en moins de remboursements, notamment de médicaments, et donc ces personnes ont des difficultés financières à pouvoir accéder aux soins.

Deuxième élément de réponse, nous avons un dispositif de droit commun, notamment pour l’accès aux soins, qui sont les permanences de santé, des dispositifs en milieu hospitalier qui devraient pouvoir accueillir les personnes précaires. Mais ces dispositifs sont en nombre insuffisant au regard de la loi. Il devrait y en avoir 500 et on en observe que 400. Et sur les 400 existantes, il n’y en a que très peu qui sont réellement fonctionnelles.

Enfin, dans les contraintes à l’accès aux soins, le phénomène de dépassement d’honoraires est une réalité de la part de certains médecins, notamment en secteur 2. Parfois, il faut faire aussi face au refus de soins de certains médecins qui ne veulent pas avoir des patients dépendant de l’aide médicale d’Etat ou de la Couverture maladie universelle (CMU) dans leurs consultations.

Enfin, le troisième niveau d’explication du retard de recours aux soins dans un contexte de crise majeure, c’est bien l’observation d’une tension entre des enjeux de santé publique et de politique sécuritaire. Pour les usagers de drogues par voie intraveineuse par exemple, on voit bien que ces personnes sont affectées par l’épidémie d’hépatite C.

Dans 60% des cas, il faudrait des dispositifs innovants comme les salles de consommation à moindre risque. Cela prend du temps, même si la ministre y est favorable. Le délit de racolage passif pour les personnes qui se prostituent va aggraver leurs conditions d’accès aux soins et leurs conditions d’accès aux droits.

Désormais, voyez-vous arriver d’autres catégories de personnes? Des couches sociales qui n’étaient pas concernées par la crise il y a quelques années?

Dans nos populations, on a en grande majorité des migrants – dans près de 90% des cas, et près de 10% de population française précaire. On voit revenir de plus en plus ces derniers temps, ces nouveaux pauvres, ces travailleurs pauvres français, qui pour des raisons d’effet de seuil, notamment, n’ont pas la capacité de pouvoir obtenir la couverture médicale universelle complémentaire parce qu’ils gagnent trop, mais ne gagnent pas assez pour pouvoir se payer des mutuelles.

On voudrait donc étendre notre connaissance des difficultés à accéder aux soins de ces personnes. C’est pour cela que nous allons démarrer des projets innovants en zone rurale l’année prochaine, en Auvergne et en Alsace, et nous allons aussi travailler sur les zones urbaines sensibles pour justement, essayer d’étoffer nos connaissances sur ces populations-là et mieux comprendre leurs difficultés d’accès aux soins pour mieux être dans le débat et être force de proposition pour améliorer leur accès aux droits et aux soins.

Pour améliorer l’accès aux soins des populations les plus précaires, il faut simplifier les dispositifs. Nous pensons, comme d’autres, qu’il faut fusionner le dispositif d’aide médicale d’Etat et la CMU pour permettre une facilitation d’ouverture des droits pour ces populations, qu’il faut relever le seuil d’attribution de la CMU C [mesure figurant dans le plan de lutte contre la pauvreté annoncé par le Premier ministre, ndlr] et rendre aussi des dispositifs d’accès aux soins, comme les permanences d’accès aux soins de santé, plus efficients, qu’ils soient en nombre plus conséquents et plus opérationnels.

Quels pays, selon vous, proposent des solutions alternatives qui pourraient servir de modèle à la France?

C’est une question compliquée! Pour l’instant, la tendance à l’échelle européenne, c’est un petit peu une stigmatisation, une criminalisation des précaires et notamment des migrants avec une remise en question de certains dispositifs de soins. On l’a vu en Espagne. L’accès aux soins des populations sans-papiers a été fortement remis en question après les dernières modifications, ce qui va contraindre l’accès aux soins des plus précaires.

Pour certaines populations (les populations roms migrantes notamment de Bulgarie et de Roumanie), même s’il y a des recommandations à l’échelle européenne, il y a une grande stigmatisation et beaucoup de violence qui s’applique pour elles. Il faut donc respecter les recommandations, tant du Conseil de l’Europe que de l’Union européenne, pour leur faciliter l’accès aux droits et aux soins et supprimer les mesures transitoires en termes d’accès au travail qui les impactent au moins jusqu’en 2014.

Comment voyez-vous la situation évoluer en 2013?

C’est en temps de crise que les mesures qui prennent en compte la solidarité dans les politiques publiques doivent être appliquées, parce que la solidarité, qui est un mode de penser l’altérité, va permettre d’améliorer l’accès aux soins et aux droits des plus précaires et contribuer à la diminution des inégalités sociales de santé. Ce n’est pas qu’un point de vue idéologique, qui consisterait à dire que la solidarité doit faire partie de nos politiques publiques parce que l'on estime que c’est bien. C’est aussi une question de santé publique, car c’est en favorisant l’égalité à l’accès aux soins que l’on contribuera à un meilleur état de santé global des populations.

Dans ces conditions, en tout cas pour ce qui relève de la France, dans le cadre du plan quinquennal qui devrait sortir début de l’année prochaine sur la lutte contre les exclusions et la pauvreté, nous disons qu’il est nécessaire de faciliter l’accès aux soins des plus précaires, de mettre les moyens, notamment budgétaires, et une volonté politique, pour que l'on mette en place des dispositifs où la solidarité est un des piliers fondamental parce qu’il faut protéger les plus pauvres.

Encore une fois, c’est en temps de crise que cette approche est légitime et qu’il faut avoir des décisions politiques ambitieuses et concrètes. Nous avons des propositions concrètes que l'on a abordées ensemble pour améliorer l’accès aux soins des plus précaires.

 

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