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  • : Société Saint Vincent de Paul St. Léon Colmar
  • : C'est notre enracinement dans l'Evangile,autrement dit, une spiritualité active au services des pauvres
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Solidarité-Torture

16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 07:02

 

Nostalgie vincentienne

 

 

Un récent billet sur le blog de Dopamine, « une catho à l’hosto », m’a beaucoup interpellé. Il parle de la mort d’un SDF, Dimitri, qui venait souvent aux urgences de l’hôpital où elle est externe.

En lisant cet article, je me suis rappelé d’une activité que je faisais il y a quelques années. J’exerçais comme bénévole à la Société de Saint Vincent de Paul : j’étais un « vincentien » (prononcez « vincenssien »). 

L’histoire de Dimitri m’a rappelé les permanences d’accueil dans les souterrains d’une grande église parisienne. Elle m’a rappelé les maraudes dans les rues de la rive gauche, sous les ponts du métro aérien, dans les recoins de la gare Montparnasse. Elle m’a rappelé les repas, les réveillons du nouvel an passés avec eux.

Elle m’a rappelé ce temps passé avec les personnes sans-domicile-fixe.

Je me suis rappelé de ces moments où nous étions avec eux, parmi eux, un tout petit moment toutes les semaines.

Le service offert par le centre d’accueil était minime : un café, la possibilité de prendre une douche, de faire une lessive… Mais il était essentiel pour eux : il les aidait à maintenir un lien social.

Autour d’un café, je discutais avec eux. De tout, de rien. Ils lisaient le journal et on parlait de l’actualité. Ils avaient toujours quelque chose à dire, toujours quelque chose à transmettre. Talents cachés, histoires riches, tous étaient des personnages sympathiques, originaux que l’on aurait pu croiser dans un Nestor Burma ou dans un chapitre des Mystères de Paris. Ils savaient tout ce qui se passait dans les quartiers, ils étaient incollables sur l’univers des rues de la capitale.

La rue est un vaste monde.

Chacun avait son talent. L’un avait fait du théâtre d’improvisation, l’autre avait été metteur en scène. Un autre s’infiltrait dans toutes les réceptions et se faisait prendre en photo avec les « VIP ». Nous avions aussi nos raconteurs de blagues, nos philosophes, nos poètes… J’ai énormément reçu d’eux. Ils m’ont appris beaucoup de choses.

La règle d’or était de discuter avec eux sans leur poser des questions sur leurs malheurs, sans jugement, sans misérabilisme et sans « chercher à les aider malgré eux» de façon trop insistante. Exercice difficile, mais nécessaire : devant cette souffrance il faut faire preuve de prudence. Une blessure peut très vite arriver et rompre la confiance indispensable au rétablissement du lien social… car qu’est-ce que le lien social ?

Un lien d’amitié, donc un lien d’égal à égal.

Le risque d’une action caritative est d’entrer dans une forme de condescendance, d’inégalité. Il y aurait derrière un comptoir « quelqu’un de bien », une « âme charitable », qui rendrait un service, ferait une bonne action, en faveur d’un « pauvre malheureux »…sans lui parler, sans s’abaisser à lui, bien tranquille derrière cette barrière sociale que serait ce comptoir. Le pauvre aurait ainsi eu son café, mais il n’aurait pas eu de lien, et ainsi il resterait enfermé dans le monde des pauvres et le bénévole dans le monde des “gens biens”.

Je dis ça sans jugement. Il n’est pas aisé de s’approcher d’un SDF puant et sale. Mais faire un pas, juste un pas, vers lui en vaut vraiment la peine.

L’égalité n’est pas un vain mot, ce n’est pas un slogan idéologique ou un discours démagogique. Vivre dans une relation d’égal à égal permet de s’ouvrir pleinement à l’autre, d’entrer en relation avec l’autre. Une relation fraternelle, parce qu’égale et libre.

Le bienheureux Frédéric Ozanam, est le co-fondateur de la Société de Saint Vincent de Paul. En 1833, à vingt ans, il a contribué à mettre en place la première conférence de charité. Le but était de permettre à de jeunes catholiques de vivre concrètement la charité chrétienne. Mais cette œuvre ne devait pas tomber dans le piège de la condescendance. Pour éviter cette chausse-trappe, les premiers vincentiens ont inversé le mode de fonctionnement des actions caritatives de leur temps. Alors que les pauvres allaient au domicile des riches pour recevoir de la nourriture, Ozanam et ses amis allaient directement chez les pauvres, au cœur des faubourgs mal famés de Paris… Ces quartiers sont très bien décrits par Victor Hugo dans Les Misérables.

Discrètement, sans humilier les gens qu’ils visitaient, les vincentiens leur venaient en aide et cultivaient librement une relation d’égalité et de fraternité. C’est de cette expérience auprès des plus démunis qu’Ozanam à nourri sa vision d’une société fraternelle…d’une démocratie chrétienne. Il le disait lui-même : « Au fond la devise de la République: liberté, égalité, fraternité, c’est l’Evangile même».

Frédéric Ozanam a été béatifié en 1997 à Paris lors des Journées mondiales de la jeunesse. Jean-Paul II nous l’a présenté en exemple à suivre et, en même temps, il nous a exhorté à construire la civilisation de l’amour.

La civilisation de l’amour commence au quotidien, auprès des autres, dans une relation simple, égale comme l’est l’amitié.

La Société de Saint Vincent de Paul m’avait permis de vivre cela et je dois vous avouer…cela me manque.

Cette entrée a été publiée dans Religion et taguée charité, Ozanam, Paris, pauvreté, SDF, Société de Saint Vincent de Paul, solidarité, SSVP par charlesvaugirard. Ajouter aux Favoris le permalien.

4 réflexions sur “Nostalgie vincentienne

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 17:06
Pratique

Seniors : des adresses pour rompre la solitude

Constance de Buor - publié le 12/06/2012

Comment rompre la solitude? Existe-t-il des lieux de vie où la solidarité prendrait toute sa place? Comment continuer à participer à la vie de son quartier? Où rencontrer d'autres seniors? La Vie a sélectionné pour vous quelques initiatives prometteuses.

© flickr

© flickr

 

Vivre plus vieux, oui! Mais dans quelles conditions, au sein de quelle société? Parmi les plus de 60 ans, une personne sur cinq seulement vit en couple (enquête du Collectif "Combattre la solitude des personnes âgées", en 2006, auprès de 5000 personnes). 27% des plus de 60 ans vivent seuls : ni en couple ou avec des proches, ni en maison de retraite. L’isolement des personnes âgées est devenu un enjeu de société majeur. Comment rompre la solitude? Existe-t-il des lieux de vie où la solidarité prendrait toute sa place? Comment continuer à participer à la vie de son quartier? Où rencontrer d'autres seniors? Nous avons sélectionné pour vous des initiatives prometteuses et le meilleur d'internet pour susciter la rencontre !

France Bénévolat

30% des 60-69 ans et près de 20% des plus de 70 ans donnent du temps à une association. N'hésitez pas à leur emboîter le pas! Le site de France Bénévolat fournit de nombreux renseignements sur l'engagement bénévole. Retrouvez notamment des renseignements sur les grands réseaux associatifs présents en France (onglet « Associations ») et des documents sur les séniors et le bénévolat (« Documentation »). www.francebenevolat.org

Voisin-Age

Lancé il y a quatre ans par les Petits Frères des Pauvres, le réseau "Voisin-Age" met en contact des habitants d'un même quartier. Autour de chaque personne âgée, plusieurs "voisineurs" qui s'engagent à la contacter tous les quinze jours minimum pour papoter, déjeuner ensemble, aller se promener... La philosophie de Voisin-Age : "proximité, liberté, réciprocité, affinités". Tél : 01 49 23 13 55 / www.voisin-age.fr

Au Pair Mamy

Inspiré d'une initiative allemande, "Au Pair Mamy" met en lien des femmes en âge d'être grands-mères et des familles à l'étranger. Des "mamys" ont déjà tenté l'aventure en France et en Angleterre. D'autres partiront bientôt en Nouvelle-Calédonie, au Canada et en Irlande où elles seront logées et nourries contre des services rendus auprès des enfants. Tél : 09 72 29 83 43 / www.aupairmamy.com

Quintonic

Réservé aux 50 ans et plus, « Quintonic » permet à des personnes souhaitant élargir leur cercle d'amis de se rencontrer, région par région. Passées les présentations « en ligne », le but est de partager, dans la « vie réelle », des moments de loisirs : apéritif, bowling, cinéma, restaurant... Présent dans 52 villes de France, le réseau compte aujourd'hui 60 000 adhérents. http://quintonic.fr/

Unis-Cité

C'est l'une des missions proposées par l'association « Unis-Cité » à ses jeunes volontaires : chaque semaine, rendre visite à une personne âgée - en général repérée par le Centre communal d'action sociale. « Une visite, un sourire » entend aider des personnes très isolées à sortir pas à pas de la solitude et leur permettre de retrouver leur place dans le tissu local et les actions destinées aux seniors du quartier... www.uniscite.fr

Si, seniors

Madisons, mambos, country, tango... L'association parisienne « Si, seniors » propose des cours de danse en ligne (pas besoin de partenaire donc : tous reproduisent les uns à côté des autres les mêmes pas). Une activité tonique pour le corps, la mémoire, la concentration. La convivialité y est aussi cultivée via des pique-niques, des stages et la participation à de nombreuses manifestations. Tél : 01 40 44 43 79 / http://countryseniors.free.fr/

Ma Résidence.fr

"Ma Résidence.fr" est un réseau social à l'échelle de votre immeuble ou de votre quartier. Le site (pas spécifiquement réservé aux seniors) permet aux habitants d'un même ensemble, d'échanger des services ou des offres, et aux acteurs de la vie locale (commerçants et associations, syndics, bailleurs sociaux...) de communiquer avec les usagers. L'intérêt : des informations que vous n'iriez pas forcément chercher remontent jusqu'à vous. Un coup de pouce pour continuer à participer à la vie locale. www.ma-residence.fr

Colocation intergénérationnelle

De nombreuses associations mettent en lien des jeunes en recherche d'un logement et des seniors cherchant à la fois une présence chez eux et/ou un complément de revenus. Plusieurs formules, selon les associations : présence conviviale sans autre engagement contre un bas loyer ; présence tous les soirs, un week-end sur deux et la moitié des petites vacances contre un loyer inférieur ou gratuit ; courses et tâches ménagères parfois. D'un côté comme de l'autre, renseignez-vous bien sur les modalités et le suivi. www.ensemble2generations.fr / www.leparisolidaire.fr / http://digi38.org/reseau_lis (Réseau LIS) / www.reseau-cosi.com

Alternative à la maison de retraite et à la solitude, la colocation permet aussi certaines économies. Le réseau Cocon3s ou le site Coloc-senior permettent à des personnes tentées par ce mode de vie d'entrer en contact. La colocation est une aventure exigeante : prenez le temps de l'élaborer! www.cocon3s.fr / www.coloc-senior.fr

Old'Up

Lieu de réflexion et de « formation à la responsabilité citoyenne » destiné aux plus de 70 ans, l'association Old'Up, propose des ateliers de formation numérique au quotidien, des rencontres autour de la compréhension de l’actualité, des temps de réflexion sur les étapes du vieillissement et leur optimisation. Le principe : continuer à agir autour de soi en vieillissant, rester citoyen à part entière, investis dans les échanges entre génération et dans la marche de la société! http://old-up.eu/

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 14:28

Bertrand Ousset, nouveau président national de la SSVP !

pas d'image courante

Le 9 juin 2012 à Paris, B. Ousset a été élu Président national de la SSVP lors de l’Assemblée générale annuelle. Membre de l’association depuis 1992, il succède à Bruno Dardelet qui a porté la SSVP ces 5 dernières années.

 

Bertrand Ousset entame donc son mandat de cinq ans. Il souhaite mettre en place de nouveaux projets pour l’association : le recrutement et formation des bénévoles, la création de nouvelles antennes locales, le développement des relations de solidarité et de subsidiarité au sein du réseau pour une amélioration des différents partenariats et une meilleure représentativité des instances locales, et enfin le repositionnement de l’association comme interlocuteur privilégié des pouvoirs publics vis-à-vis des démunis et de l’Eglise de France.

 

A 66 ans, ce jeune retraité, diplômé de Sciences Po et docteur en droit public, a été Directeur Général Adjoint d’EPA Marne, chargé de la réalisation de la ville nouvelle de Marne la Vallée. Fort de cette expérience, il a une réelle connaissance de l’action sociale locale. Il continue de siéger dans diverses instances professionnelles des métiers de l’immobilier et de l’urbanisme. Enfin, il a contribué à la rédaction de nombreux ouvrages collectifs sur la ville, le logement et le développement durable.

 

Très engagé dans la vie associative depuis une vingtaine d’années, Bertrand Ousset est le président de « Jeunesse de Saint-Vincent-de-Paul », une association rattachée à la SSVP.

 

Bruno Dardelet, son prédécesseur, après avoir insufflé une nouvelle dynamique à l’association, notamment à travers la Grande Cause Nationale 2011 contre la solitude, termine ainsi son mandat. Il reste au service de l’association en tant qu’administrateur et Conseiller auprès du Président

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 08:36

mercredi 6 juin 2012

Père Ceyrac : "C'est la pauvreté du peuple de l'Inde qui m'a sauvé"

Le père Ceyrac a été, avec l'abbé Pierre et sœur Emmanuelle, l'une des grandes figures chrétiennes de notre ère. À travers sa présence auprès des intouchables de l'Inde, des réfugiés cambodgiens ou des victimes du tsunami, il n'a cessé de révéler l'amour de Dieu envers les plus pauvres. La Vie l'avait rencontré en 2007, alors qu'il revenait à Paris pour se faire soigner. Voici comment il se racontait : 

 

Le père Ceyrac parmi "ses" enfants du Tamil Nadu, Etat du sud de l'Inde, dans les années 90 © Collection du père Ceyrac

Le père Ceyrac parmi "ses" enfants du Tamil Nadu, Etat du sud de l'Inde, dans les années 90 © Collection du père Ceyrac

 

Naissance d'une vocation

Je suis issu d'une famille corrézienne, second d'une fratrie de six. Huit frères et sœurs de mon père avaient embrassé l'état religieux. L'un d'eux était jésuite. Il s'appelait Charles. Il aimait passionnément notre région dont il connaissait chaque pierre. Mais on lui demanda un jour de quitter son ministère d'enseignant pour aller annoncer l'Évangile au fin fond de l'Inde. Enfant, j'entendais beaucoup parler de lui, et je regardais souvent son portrait photographique qu'un évêque m'avait ramené de ce lointain pays. La figure de cet oncle inconnu fit naître en moi la vocation missionnaire qui signifiait deux choses à mes yeux : partir sans espoir de retour, mais aussi aller vers un pays de grande misère, car, dès l'enfance, j'ai ressenti le désir de secourir les plus pauvres.

La formation religieuse

Au terme d'études secondaires au pensionnat jésuite à Sarlat (Dordogne), j'ai donc demandé à entrer dans la Compagnie de Jésus. Cette décision s'accompagnait d'une condition : être envoyé en Inde. Ma requête fut acceptée, mais je dus attendre six années pour partir. Je fis d'abord mon noviciat dans le Gers. Ce furent deux années de paradis. J'étais véritablement transporté par la joie du Seigneur. Je galopais en riant dans les petites forêts de ce pays merveilleux. J'ai rarement retrouvé un tel bonheur par la suite. Après cela, j'ai encore fait dix-huit mois de service militaire et une licence de français-latin-grec à Paris. Enfin, en 1937, j'ai pu rejoindre l'Inde. À cette époque, le départ missionnaire était un acte radical. On quittait la France sans espoir de retour. J'ai donc dit adieu à ma famille et j'ai embarqué à Marseille.

La vie missionnaire

J'ai ressenti dès lors un sentiment d'abandon et de vide profond. C'est un passage obligé pour le missionnaire dont la vocation est de renaître dans une culture étrangère. Et, de fait, lorsque je suis arrivé en Inde, j'étais perdu comme un enfant. Pour apprendre le tamoul, je suis retourné m'asseoir sur les bancs de l'école. Cet apprentissage fut très dur ; d'autant que je ressentais un fort isolement culturel.  Mes confrères, plus âgés, avaient passé les caps difficiles. C'est la pauvreté du peuple de l'Inde qui m'a sauvé. Elle m'a aidé à ne pas m'appesantir sur moi-même.

Ordination aux sommets

Le bonheur est revenu lors de mes études en théologie. J'ai été envoyé à Kurseong, dans l'Himalaya, où j'ai retrouvé des jésuites de toute l'Inde. J'y ai été ordonné prêtre en 1945. Assez curieusement, j'ai éprouvé ce jour-là, ainsi que lors de ma première messe, dite face à l'Everest, un sentiment de solitude et de tristesse. Les liturgies suivantes m'ont rendu la joie. La messe est quelque chose d'extraordinaire. Encore aujourd'hui, elle représente pour moi le moment privilégié de la journée. Comme le P. Teilhard de Chardin, je la célèbre « sur le monde », comme une offrande du cosmos tout entier, lequel en est transformé en vue de son accomplissement.

Découverte d'une culture ancienne

Après la guerre, j'ai achevé ma formation jésuite. Après un court passage en pays tamoul, j'ai été envoyé en France où mon père venait de mourir. Pendant un an, j'ai connu un apostolat très émouvant.
Comme j'avais rencontré le Mahatma Gandhi, j'étais très sollicité pour donner des conférences, ce que je faisais avec beaucoup d'enthousiasme. Après mon retour à Madras, j'ai terminé ma formation par une double licence en tamoul et en sanskrit. Ce furent alors les grandes joies de la recherche. Je déchiffrais des textes anciens, qui regorgeaient de richesses spirituelles que je faisais miennes. Ces études m'ont permis de mieux comprendre les pauvres de l'Inde. Encore aujourd'hui, leurs yeux s'éclairent quand vous leur citez des poésies vieilles de plusieurs siècles. J'aimais à leur citer, par exemple, ces vers tamouls : « Tout village est mon village, tout être vivant, mon frère. »

Aumônier des étudiants de l'Inde

En 1952 a commencé la période la plus constructive de ma vie. Les évêques de l'Inde avaient été frappés qu'il y ait eu vingt vocations l'année où j'avais été père spirituel d'un grand collège universitaire. C'est pourquoi ils m'ont demandé de devenir aumônier national des étudiants. J'ai alors décidé de lancer le premier mouvement universitaire catholique, qui devint le plus grand d'Asie et probablement du monde. Ma première initiative fut d'organiser un grand rassemblement. Sceptiques, mes confrères de Madras prédisaient 500 étudiants ; il en vint des milliers. C'était formidable ! Des wagons entiers arrivaient de toute l'Inde. J'ai ensuite passé plusieurs années à sillonner ce pays immense, passant parfois jusqu'à vingt-deux nuits d'affilée dans les trains. En dépit de cela, j'ai réussi, je crois, à conserver une vie de prière assez profonde. Je n'ai jamais eu de vision, mais parfois, dans un autobus ou un wagon bondé, je ressentais en moi la présence de Dieu. Cela me remplissait d'une grande paix, d'une grande joie, d'une grande légèreté intérieures.

La révolution des chantiers de travail

Toutefois, devant la misère des campagnes, il ne m'était pas possible de me cantonner au monde universitaire. En 1957, j'ai donc proposé à cinquante étudiants d'aller bâtir une route pour désenclaver un village. Lorsque nous achevâmes ce travail, la première voiture qui passa fut une ambulance... C'est ainsi que commencèrent les chantiers de travail, qui furent une vraie révolution. L'idée était d'établir une solidarité entre les plus favorisés et les plus pauvres, et de sensibiliser les futures élites aux souffrances du peuple.

Cette initiative connut un grand retentissement. Le Pandit Nehru, qui dirigeait alors l'Inde, exprima en privé son admiration. Les Nations unies me demandèrent de la présenter aux pays africains. Le désir de me consacrer aux plus pauvres ne cessant de grandir en moi, j'obtins finalement, après quinze ans, de transmettre la direction du mouvement étudiant. Grâce à des dons, j'ai alors acheté, avec des amis indiens, une terre réputée aride sur laquelle nous avons lancé un projet de ferme-pilote. Je proposais également à des élèves de grandes écoles françaises de venir creuser des puits pour alimenter en eau des villages.

Les camps de réfugiés

Puis, un beau jour de 1980, alors que ma vie de missionnaire avait toujours été liée à l'Inde, le père provincial des Jésuites m'a demandé de diriger une mission médicale auprès des réfugiés cambodgiens en Thaïlande. Je devais partir six mois, je suis finalement resté quinze ans dans les camps où j'ai vécu les années les plus émouvantes de ma vie. J'y ai rencontré une détresse et une dignité immenses, celle de personnes qui avaient perdu leur pays et leur famille, et qui bien souvent aussi avaient subi des mutilations. Parquées dans des camps dont elles ne pouvaient sortir,elles étaient en outre victimes de bombardements fréquents.

Il m'est vite devenu insupportable de les abandonner lorsque les autorités internationales nous avertissaient du danger. C'est pourquoi j'ai obtenu, avec mon ami John Bingham, le droit de rester auprès d'eux pendant les attaques. Quand nous apprenions qu'un camp allait être bombardé, nous nous précipitions vers lui, à contresens des convois internationaux qui nous faisaient des appels de phares ! Cela m'a valu de bousiller quelques Toyota et finalement de me bousiller moi-même par un assez sérieux accident de voiture. Mais j'ai eu la grâce de pouvoir accompagner ces hommes et femmes jusqu'à ce qu'ils soient tous évacués.

Toujours plus près des pauvres

Cette expérience a encore approfondi mon désir d'être auprès des plus pauvres. Nous étions en 1993, je suis rentré en Inde. J'ai encouragé le développement de divers projets en faveur des orphelins, des intouchables, des lépreux, pour lesquels j'ai une affection toute particulière.

Chaque été, des étudiants français viennent aider à développer ces centres. J'essaie également d'être attentif aux demandes individuelles que tant de gens pauvres m'adressent. Je leur envoie de petites sommes d'argent ou je les reçois au Loyola College de Madras, où je réside. Je souhaiterais finir ma vie parmi eux car ils sont ma famille. En aidant les victimes du tsunami, j'ai découvert récemment un village d'aborigènes dont la grande honnêteté m'a touché. J'aimerais m'y faire bâtir une hutte. Jusqu'à présent, mes supérieurs ont refusé, probablement parce qu'il me serait difficile de porter les seaux d'eau nécessaires à la vie quotidienne. Mais je ne désespère pas et aimerais faire, là ou dans un bidonville, un essai de trois mois au moins. En attendant, je prends les événements de chaque jour comme autant d'occasions d'aimer d'avantage, et je porte dans mon cœur ces milliers, ces millions de gens que j'ai eu la chance de rencontrer au cours de ma vie.

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 06:01
 
Un jeune sur cinq souffre de solitude
Pour la huitième année, la Société de Saint-Vincent-de-Paul lance une campagne nationale de lutte contre la solitude, destinée à sensibiliser le grand public.
La première difficulté pour les jeunes qui se disent seuls est de trouver des personnes à qui se...
 

La première difficulté pour les jeunes qui se disent seuls est de trouver des personnes à qui se confier.

(Corinne Mercier/Ciric)

La première difficulté pour les jeunes qui se disent seuls est de trouver des personnes à qui se confier.

L’association a choisi de sonder la solitude des jeunes, à travers une étude que  La Croix    publie en exclusivité. Selon celle-ci, 19 % des 18-35 ans disent ressentir une solitude  « subie »  
Au total, 45 % ont connu des épisodes de solitude. S’il existe un lien certain entre précarité et solitude, celle-ci touche aussi des jeunes considérés comme favorisés et insérés.
Avec cet article
C’est le temps des amis, des conquêtes, de l’ouverture aux autres et au monde. C’est aussi, pour certains, celui du douloureux apprentissage de la solitude. Tel est l’enseignement de l’étude Mediaprism pour la Société de Saint-Vincent-de-Paul que La Croix  publie en exclusivité. 
Réalisée le mois dernier auprès d’un millier de personnes âgées de 18 à 35 ans,  cette enquête montre que 19 % de ces jeunes souffrent de la solitude. Au total, 45 % déclarent ressentir de la solitude souvent ou occasionnellement, celle-ci pouvant être choisie. Parmi eux, 42 % affirment qu’elle est « subie »,  autrement un jeune sur cinq.

 

 

Les jeunes et la solitude

Plus de filet de sécurité

Rien d’étonnant, pour le sociologue Jean-Claude Kaufmann. « Les jeunes ont gagné en autonomie et en liberté individuelle, ce qui est positif. Ils choisissent, beaucoup plus qu’avant, les réseaux dans lesquels ils souhaitent évoluer , explique le chercheur (1). Le problème, c’est qu’en cas de difficulté, les filets de sécurité fonctionnent de façon moins systématique qu’avant, à une époque où l’individu était partie prenante du groupe : la famille, l’entreprise, le voisinage, le village, etc. »  
Pour les plus fragiles, « le potentiel de liberté risque alors de se transformer en une perte de repères et un repli sur soi » , poursuit le sociologue.
Psychologue au centre hospitalier d’Erstein, en Alsace, Sébastien Dupont (2) ne dit pas autre chose : « La solitude est le revers de la médaille des formidables libertés dont jouissent les individus d’aujourd’hui. Nous faisons partie des premières générations qui souffrent de ce revers, à la suite de celles qui ont surtout perçu les bénéfices des libertés nouvelles, tout en profitant des cadres structurants transmis par les précédentes générations. En quelques décennies, nous sommes passés de “l’ivresse de la libération” à “l’angoisse de la liberté” »,  expliquait-il en janvier 2011, dans un forum organisé par la Jeunesse indépendante chrétienne.
Isolement affectif
À Vannes (Morbihan), Alain David, de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, s’étonne du nombre croissant de jeunes venant frapper à la porte. « Ils sont dans une situation d’isolement affectif, à la recherche d’une oreille bienveillante » , remarque ce bénévole. Dans sa permanence, il voit beaucoup d’exclus, sans travail et sans ressources.
Un constat confirmé par l’étude, qui montre que les inactifs sont surreprésentés parmi les jeunes qui souffrent de solitude. Le « manque d’argent »  est aussi la raison le plus souvent évoquée par les sondés pour expliquer leur isolement.
Mais pas seulement. Alain David rencontre aussi des jeunes des classes moyennes qui perdent pied. « Il suffit parfois d’une mésentente avec les parents, le jeune claque la porte et se retrouve perdu » , souligne-t-il.
Les réseaux sociaux ne suffisent pas
Président de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, Bruno Dardelet indique de son côté que la solitude concerne aussi, en ville, un grand nombre de jeunes mères, isolées après une séparation ou un divorce. Dans l’enquête, les femmes vivant en Île-de-France sont ainsi relativement plus nombreuses à se sentir seules que le reste des jeunes.
À cet égard, Internet est un miroir déformant de la socialisation. L’étude montre que 86 % des sondés ont un compte Facebook, avec en moyenne 178 « amis ». Toutefois, les personnes interrogées ne sont pas dupes : 55 % considèrent en effet qu’Internet « favorise la solitude ».  
 « C’est une formidable chance de pouvoir tisser facilement des réseaux,  dit Jean-Claude Kaufmann. Mais les choses se corsent lorsque les jeunes veulent aller plus loin que l’empathie à distance et sont à la recherche de soutien, d’attachement, et de présence. »  
Redonner confiance
 « D’  une manière générale, cette perte de repères, parmi les 18-35 ans, est largement sous-estimée »,  déplore le président du mouvement, qui a lancé cette année sa huitième campagne nationale de lutte contre la solitude. Bruno Dardelet milite donc pour une véritable prise de conscience. 
Pour le responsable associatif, « il en va de notre responsabilité à tous de redonner confiance aux jeunes et de les aider à se battre » , loin de « l’indifférence »  et de la « résignation »  qu’il voit trop souvent poindre.
 (1) Dernier ouvrage paru :  C’est arrivé comme ça,  Éd. JC Lattès, 17 €.   
 (2) Auteur de  Seul parmi les autres  , Éd. Erès, 2010, 28,50 €.  
MARINE LAMOUREUX
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27 mai 2012 7 27 /05 /mai /2012 11:14
Annecy : inauguration du logis Ozanam rénové
18 mai 2012
Le logis Ozanam, refait à neuf, vient d'être récemment inauguré. Ouvert depuis les années 2000 par la Société Saint-Vincent de Paul d'Annecy, il a déjà abrité 560 personnes pour 1775 nuitées et ce dans un unique but : permettre aux familles des personnes hospitalisées de rester proches de leurs malades...

J.J. Gervet et une bénévole du logis Ozanam

C'est en présence de Christian Bert-Erboul, directeur adjoint de l'hôpital d'Annecy, de  Jean-Luc Gervet, membre de l'équipe nationale de la Société Saint-Vincent de Paul, de Michel Filamoz, président pour la Haute-Savoie, et de bénévoles d'Annecy que la logis Ozanam a réouvert ces portes après quelques travaux de rafraîchissement et d'embellisement dont une nouvelle cuisine et une salle de bain équipée de neuf.
Ce logement de 3 chambres, pouvant accueillir jusqu'à 7 personnes se situe idéalement à 10' à peine de l'hôpital, avec au pied de l'immeuble un arrêt de bus de la ligne directe. Il est réservé à l'accueil des familles de personnes hospitalisées, ne résidant pas sur l'agglomération. Le logis Ozanam est animé par une équipe de bénévoles dont Madame Janin est la responsable. Cette équipe accueille les personnes dans le logement, s'assure de leur bien-être, s'occupe du ménage et de fournir le linge, et ce toute l'année (en 2011 : 250 nuitées ont été  ainsi assurées.)
Les Vincentiens ne font pas beaucoup ni souvent parler d'eux, ils préfèrent agir. Ainsi, la Société Saint-Vincent de Paul est présente dans 148 pays et leurs actions de solidarité se diversifient en plus de 157 activités, dont les logis Ozanam. La France compte 18000 membres, et ils sont 700000 dans le monde entier !
Logis Ozanam 17 ave de la Plaine à Annecy -                    C. Bert-Erboul et Mme Janin
Au centre Michel Filamaz et des bénévoles - vue d'une chambre
Amis pour aimer
C’est la devise des membres de la Société Saint-Vincent de Paul dont l’Assemblée générale s’est tenue dernièrement dans le Chablais, à Evian. Une occasion de faire connaître cette association qui, dans l’ombre et sans bruit, fait un énorme travail auprès des personnes isolées et des plus démunis.
La société Saint-Vincent-de-Paul compte 7 conférences en Haute-Savoie : 5 sur Annecy, 1 à Thonon, et 1 à Évian ; 97 vincentiens en Haute Savoie, 1/4 ont plus 50 ans, 1/3 ont plus de 75 ans … association vieillissante, mais bien vivante !
De nombreuses actions sont menées tout au long de l’année, l’essentiel étant la visite à domicile, spécificité de la SSVP, qui gère aussi sur Annecy le Logis Ozanam (accueille des familles dont l’un des membres est hospitalisé ) et différentes activités pour lutter contre la solitude et aussi des aides alimentaires. 
Aucune souffrance n’est étrangère à la SSVP ( Monsieur Fillon a d’ailleurs félicité la SSVP pour « l’action contre la solitude », grande cause nationale en 2011). Le travail se fait le plus souvent en lien avec les différents services sociaux et les Assistantes Sociales font de plus en plus souvent appel aux membres de l’association.
Les autorités locales reconnaissent l’importance du rôle de la SSVP, la complémentarité entre les différents organismes qui œuvrent auprès des démunis ; et encouragent les Vincentiens à se faire connaître davantage.

« A l’avenir, les vincentiens seront les samaritains de l’Eglise. »
Frédéric Ozanam – 1848
C.D.-M-C.C.
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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 09:14

Martine, une grand-mère courage

Martine, 53 ans et mère de trois filles, élève seule ses trois petits-enfants, abandonnés par leur mère. Grand-mère courageuse et active, elle suit actuellement une formation de remise à niveau pour pouvoir trouver du travail. Témoignage.

« Après 30 ans de mariage, mon mari s’est suicidé, il y a cinq ans. Ce fut le début d’années difficiles. Trois ans après, ma fille est partie de chez elle, laissant derrière elle ses trois enfants, aujourd’hui âgés de huit ans, six ans et trois ans. Je me suis battue pour avoir leur garde, car je veux qu’ils aient tout ce dont ils ont besoin. Tiers digne de confiance. C’est ainsi que me désigne le papier du tribunal me donnant la garde des petits. Et j’ai une fille de vingt-et-un ans qui fait des études, que j’aide.

J’ai travaillé toute ma vie en usine. Il y a quelques temps, j’ai été licenciée, car mes bras sont abîmés. Si je continuais d’y travailler, j’aurais été handicapée des bras. Je ne peux pas, sinon je ne pourrais plus m’occuper de mes petits-enfants. Le seul travail que je puisse faire est un travail de bureau, mais je n’ai aucune formation pour ça. Alors, je retourne à l’école pour me remettre à niveau. Je veux travailler, j’en ai besoin pour me sentir bien dans ma peau.

Je ne voulais pas que les petits aillent dans un foyer. Vous croyez que ce serait bien pour eux ? Un enfant a besoin de tendresse. Pour qu’il apprenne à donner, il faut qu’il reçoive. C’est pour ça que je n’ai pas voulu qu’ils soient placés.

Avec eux, les journées sont bien remplies. Parfois, le soir, je me demande comment j’ai fait pour faire tout ce qu’il y avait à faire dans la journée. Je dois jouer trois rôles à la fois : celui de la mère, du père et de la grand-mère. La vie n’est pas toujours simple. Mais les enfants me donnent tellement d’un côté que je leur rends autrement.

Je sais ce que je veux dans la vie. C’est ma force de caractère qui me permet de tenir. Car ces cinq dernières années ont été très dures. Mais les petits sont là. Je dois tenir pour eux. On est obligés de se battre dans la vie. Si on se laisse couler, on n’avance pas.
Élever mes trois petits-enfants, après avoir élevé mes trois filles, c’est énormément de boulot. Mais ça ne me dérange pas. C’est naturel que je le fasse, car je les aime. »

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 12:14

 

 

Saint-Vincent-de-Paul / Aide alimentaire : les femmes en première ligne

Publié le jeudi 17 mai 2012 à 11H00 - Vu 44 fois


Les associations constatent le nombre grandissant de travailleurs pauvres.

Les associations constatent le nombre grandissant de travailleurs pauvres.


La société Saint-Vincent-de-Paul a presque doublé son aide aux plus démunis. Les femmes et les personnes seules sont de plus en plus précaires.

LES associations caritatives sont en première ligne pour adoucir la misère, qui semble vouloir s'acharner sur nombre de familles axonaises. La société Saint-Vincent-de-Paul a servi 136 000 repas en 2011, dont 63 600 à Soissons, le reste à Hirson et Bohain. Elle vient en aide à 9 128 personnes.
C'est presque deux fois plus que l'an dernier. Ce sont des couples avec enfants, des familles monoparentales. Les femmes paient un lourd tribut de la crise. A Soissons, « nous remarquons que nous rendons visite à beaucoup de femmes seules, sans ou avec enfants, entre 30 et 50 ans, n'ayant pas retrouvé de travail et n'ayant comme ressources que les allocations familiales, l'APL, le RSA, quand la pension alimentaire n'est pas versée », rapporte Colette Babel, responsable départementale et du secteur de Soissons.
Un bénévole soissonnais raconte « la galère, comme elles disent, de trop nombreuses jeunes femmes. Jetées dehors ou quittant leur famille pour des raisons souvent inavouables, parents les laissant sans assistance ni ressource après la naissance d'un enfant, elles se retrouvent sans rien, ni moyens d'existence, ni éducation, ni diplôme. […] Avant même d'être matérielle et économique, la pauvreté est affective et psychologique. »
Le soutien qu'apportent les bénévoles, qu'on appelle conférenciers, est presque aussi important que l'aide alimentaire et matérielle. « Les gens ont besoin qu'on les écoute », témoigne une conférencière. Et, surtout, « On n'est pas là pour juger », insiste Colette Babel. « C'est le premier conseil que je donne aux nouveaux bénévoles ».
Ces derniers constatent aussi le nombre grandissant de travailleurs pauvres. « Ils ont un salaire mais ils n'y arrivent pas. Il faut payer seul le loyer et les charges », indique une conférencière. Ces derniers se déplacent au domicile de personnes dans le besoin, à la demande des assistantes sociales, des associations (Amsam, CSF), CCAS, missions locales, etc. Les moyens alloués à l'aide sociale ne pas extensibles, les besoins si. Du coup, ces associations sont plus que jamais utiles. « Malheureusement », soufflent les bénévoles.

 

I.B.

 

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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 09:01
Un drame de la solitude

Jean-Marie Boudot est bien mort depuis plusieurs années. L'autopsie de son cadavre retrouvé chez lui lundi le confirme. Un drame qui soulève de nombreuses questions.

Jean-Marie Boudot vivait dans cette résidence étudiante, 6 rue Denise à Bordeaux.
Jean-Marie Boudot vivait dans cette résidence étudiante, 6 rue Denise à Bordeaux. (photo g. bonnaud)
 

La question est sur toutes les lèvres. « Comment est-ce possible ? » Comment Jean-Marie Boudot, qui aurait eu 63 ans en avril cette année, a-t-il pu mourir dans l'indifférence générale et l'anonymat (lire notre édition d'hier) ? Découvert fortuitement lundi soir par un père qui s'est trompé de porte en venant rendre visite à sa fille, Jean-Marie Boudot pourrait être décédé en 2009.

Sans famille pour s'inquiéter de son sort. Des signes auraient-ils pu alerter le voisinage de l'époque ? La personne chargée de l'entretien des parties communes de cette résidence étudiante du 6 rue Denise à Bordeaux aurait pu sentir que quelque chose n'allait pas. Le facteur a dû voir le courrier s'accumuler dans la boîte aux lettres qui débordait. Les services fiscaux devaient attendre sa déclaration de revenus. Les agents de l'eau et de l'électricité qui ont été coupées depuis des lustres pour cause de factures non honorées auraient pu envoyer des huissiers plus tôt pour recouvrer leur créance. La banque aurait pu s'étonner du peu de mouvements sur le compte.

Le loyer quand même versé

Quant au loyer… Une grande partie était versée par la Caisse d'allocations familiales de la Gironde, l'autre partie par le locataire qui cumulait donc les impayés. Une responsable de secteur de la CAF ne peut, secret professionnel oblige, donner d'éléments nominatifs dans cette affaire. Mais confirme que souvent, une allocation logement est versée directement au propriétaire afin qu'elle remplisse sa fonction de payer un loyer et non d'éponger une éventuelle dette. « Un jour, le propriétaire a signalé qu'il ne recevait plus la part complémentaire de la part de son locataire. »

« Les droits sont revus tous les ans en fonction des revenus de la personne et des quittances de loyer des mois de juillet », assure encore la responsable. « Nous payons, ce que nous appelons ''à bon droit''. Tant que nous avons eu les éléments nécessaires pour calculer les droits, nous avons versé l'allocation de logement », explique une responsable de secteur de la Caisse d'allocations familiales de la Gironde. « Et cela fait un moment qu'on ne règle plus rien. De nombreux mois. »

De nombreux mois aussi donc, durant lequels les fichiers n'étaient pas mis à jour. Une étudiante croisée dans la résidence est sous le choc. « De nos jours, c'est impensable. Mourir comme ça sans que personne ne s'en rende compte. J'espère qu'il est parti dans son sommeil. »

« Solitudes cachées »

« Un décès comme ça dans l'indifférence et l'anonymat, c'est exactement ce que l'on essaie d'éviter, ce que l'on tente de combattre au quotidien », soupire Julien Dupas, administrateur de la société Saint-Vincent-de-Paul en Gironde qui avec sa « charité de proximité » s'occupe des plus démunis financièrement et affectivement. « L'isolement peut être encore plus fort dans une grande ville qu'au milieu de la campagne. »

Le 39 de la rue Denise abrite justement la conférence (NDLR. l'antenne) de Saint-Martial. La nouvelle a beaucoup ému sa présidente, Suzanne Magrez. « Il faisait partie de ces solitudes cachées. Un problème difficile à résoudre. On peut estimer un niveau de ressources, la solitude elle n'est pas quantifiable. »

Toujours dans le but de « rompre l'isolement », la Société Saint-Vincent-de-Paul participe depuis l'été dernier à l'opération « voisin-relais » initiée par la mairie qui propose à des personnes seules de recevoir des appels téléphoniques réguliers pour prendre de leurs nouvelles. Jean-Marie Boudot ne faisait pas partie de la liste.

SITE journal Sud-OUEST

 

 

 

06h00
Par florence moreau
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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 16:29
Amis pour aimer

18 mai 2012

C’est la devise des membres de la Société Saint-Vincent de Paul dont l’Assemblée générale s’est tenue dernièrement dans le Chablais, à Evian. Une occasion de faire connaître cette association qui, dans l’ombre et sans bruit, fait un énorme travail auprès des personnes isolées et des plus démunis.

Amis pour aimer

 

Michel FIMALOZ, président départemental, a rappelé en introduction de l’Assemblée générale de la Société de Saint Vincent de Paul la devise et la missions des membres « amis pour aimer » ; « Chacun est engagé dans un service personnel et permanent » ; « Les vincentiens sont serviteurs à l’exemple du Christ, ils tentent de porter la joie et l’espérance à tous leurs frères » ; « Il s’agit d’aller aux autres le cœur libre plus encore que les mains chargées ».
Membre d’un organisme chrétien et laïc, chacun est pleinement participant à la vie de la commune et tente d’y apporter le témoignage d’une charité vivante au service des petits, des sans voix, des mal aimés.

La société Saint-Vincent-de-Paul compte 7 conférences en Haute-Savoie : 5 sur Annecy, 1 à Thonon, et 1 à Évian ; 97 vincentiens en Haute Savoie, 1/4 ont plus 50 ans, 1/3 ont plus de 75 ans … association vieillissante, mais bien vivante !

De nombreuses actions sont menées tout au long de l’année, l’essentiel étant la visite à domicile, spécificité de la SSVP, qui gère aussi sur Annecy le Logis Ozanam (accueille des familles dont l’un des membres est hospitalisé ) et différentes activités pour lutter contre la solitude et aussi des aides alimentaires. A noter que le logis Ozanam vient d’être entièrement rénovée et sera inaugurée le 18 mai prochain avec une Portes Ouvertes de 15h à 18 h. ( Logis Ozanam, 17 avenue de la Plaine, Bâtiment B 74000 Annecy, près des Galeries Lafayette).


Aucune souffrance n’est étrangère à la SSVP ( Monsieur Fillon a d’ailleurs félicité la SSVP pour « l’action contre la solitude », grande cause nationale en 2011). Le travail se fait le plus souvent en lien avec les différents services sociaux et les Assistantes Sociales font de plus en plus souvent appel aux membres de l’association.

Le bilan financier fait ressortir une baisse importante des recettes, et une nette augmentation du nombre et de l’importance des demandes.
Des solutions sont à chercher, pour pourvoir continuer à répondre à tous les appels, tout en gardant les comptes équilibrés.

Les autorités locales reconnaissent l’importance du rôle de la SSVP, la complémentarité entre les différents organismes qui œuvrent auprès des démunis ; et encouragent les Vincentiens à se faire connaître davantage.


« A l’avenir, les vincentiens seront les samaritains de l’Eglise. »
Frédéric Ozanam – 1848
C.D.-M-C.C.
 
Plus d'info sur la SSVP en Haute-Savoie en cliquant ici
Site national : www.ssvp.fr
 
 

L’Assemblée Générale de la Société Saint Vincent de Paul de Haute Savoie s’est tenue le 21 avril dernier au FJT d’Evian.
Cette année, les confrères d’Annecy et de THONON se sont déplacés de ce côté-ci de la Dranse pour faire le point moral et financier de toutes les activités qui ont eu lieu en 2011. Etaient présents : 53 membres de l’association, Madame TEDETTI, adjointe, qui représentait la municipalité d’EVIAN, et Monsieur DURET, maire de NEUVECELLE ; Mr LACROIX avait été empêché.
La journée s’est terminée par une messe à l’église d’Evian, dans l’Esprit de l’association, célébrée par le Père Henri DUPERTHUY aumônier de la conférence d’Evian, animée également par le diacre Gilbert DOMENGE, aumônier de l’association.

 

 

 

Témoignage d'un bénévole

Samuel, une goutte d’eau au service des autres !
Samuel Goubin, jeune bénévole de la SSVP, s’implique beaucoup dans l’association à Chambéry. Le Rotary Club a notamment remis, à deux reprises, une aide conséquente à la Conférence, grâce au dynamisme de ses bénévoles.

 

" J'ai intégré une Conférence sur le secteur de Chambéry, à un moment où je m’interrogeais sur l’association dans laquelle je voulais m'engager. Et puis j'ai pris un tract au fond d'une église et on m'a accueilli. Comme quoi les tracts, c'est utile... L'équipe m'a sollicité pour devenir secrétaire, et j'ai suivi un jeune en soutien scolaire une fois par semaine. Lorsque j'ai déménagé, j'ai intégré une autre Conférence qui se portait un peu mal, et nous avons finalement fusionné deux Conférences pour n'en faire qu'une, qui couvre la ville de Chambéry. Elle regroupe une vingtaine de personnes et on m'a demandé d'en être le président. Depuis trois ans, je rencontre un couple de personnes âgées en solitude, le handicap du monsieur et la vue déficiente de la dame les privant de toute sortie, à moins d'être accompagnés. Pas évident d'apporter un peu de bonheur dans cette situation, mais je crois que mon écoute les soutient. Le monsieur est décédé cette année, mais je continue à rencontrer la dame, en général une fois par semaine. Nous avons bien sympathisé depuis le temps, et il me serait difficile de ne plus y aller. On se fait du bien mutuellement je pense.
Conférence jeunes actifs : Ah oui, important ! La Conférence jeunes actifs est lancée depuis presqu'un an. Après pas mal de difficultés, c'est bien parti. Nous avons trouvé des activités concrètes et des personnes à visiter, chacun a du pain sur la planche. »


Propos recueillis par Marie-Camille Raffin
 

 

 

Vincent de Paul ou Vincent Depaul né au village près de Dax le 24 avril 1581 ou 1576 - mort le 27 septembre 1660, est un prêtre catholique français.

Aumônier de la reine Marguerite, épouse de Henri IV, puis curé de campagne à Clichy, précepteur des enfants du marquis de Belle-Isle, frère de Jean-François de Gondi, l'archevêque de Paris. Il fonda deux sociétés de vie apostolique : la Congrégation de la Mission, dont les membres seront couramment appelés lazaristes et la Compagnie des filles de la Charité, souvent connues comme les Sœurs de Saint Vincent de Paul. Renommé pour sa charité, qu'il exerça notamment auprès des galériens – dont il était aumônier –, des enfants trouvés et des populations rurales, il est canonisé en 1737

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